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EXPOSITIONS

RESTAURER ET CONSERVER
Sur le thème du patrimoine immatériel, les photographies présentées ici sont centrées sur le geste et l’outil, en particulier ceux des artistes dont le travail s’attache à restaurer et à conserver des œuvres du passé.
Mettre en valeur ce travail, qui reste peu connu du grand public, c’est le but que je me suis assigné en faisant ces photographies. Ce travail nécessite des connaissances multiples : scientifiques , techniques, historiques … mais également un sens artistique indéniable.
Je suis extrêmement reconnaissant envers tous ceux qui nous ont accueilli avec bienveillance et qui nous ont fait partager leur engagement pour la préservation du patrimoine :
• les ateliers Giordani à Rouen et lors de la restauration d’un retable de Notre-Dame de la Gloriette à Caen ;
• le Musée de Normandie, plus particulièrement Mme Lucie Voracek ;
• la Fabrique des Patrimoines en la personne de M. Guillaume Debout, d’Antoine Cazin et des restauratrices.
Le choix du noir et blanc permet de mieux concentrer l’attention sur le geste, les objets, la matière… et d’éviter qu’elle soit distraite par les couleurs.

Les photos des musiciens.

CORROSION


Si j’osais, je commencerai par une tentative d’haïku… allez, j’ose


Tout au long des jours –
Agissent froid, pluie, vent, soleil
Alors vient le vermeil.


Ces quelques mots suffiraient à traduire le sentiment qui m’est venu en faisant ces photos : le rapport du temps et de la dégradation de la matière, le retour à l’état minéral d’origine sous l’action du temps et des éléments, la métamorphose en couleurs. Au sens propre comme au sens figuré, corroder signifie altérer progressivement et irrémédiablement.
Il y a comme une sorte de similitude dans le devenir entre la matière, les civilisations, les cultures … et tout simplement la condition humaine, en quelque sorte une forme de « Vanité ».
Sans présomption aucune, en prenant ces photos je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la série des tableaux de Claude Monet représentant la cathédrale Notre-Dame de Rouen. Dans ces tableaux, au nombre de trente, l’architecture de la cathédrale se dissout littéralement pour ne laisser place qu’à la lumière et à la couleur jusqu’à l’abstraction.
Il faut parfois choisir entre se représenter les formes et les couleurs telles que nous les voyons avec nos yeux ou telles que nous les voyons avec notre esprit.
Le merveilleux est à portée des yeux de tous sans que chacun y attache une quelconque attention. Mais lorsque nous le faisons et que nous le sortons de sa réalité, alors il ouvre la porte de l’imaginaire.
Diderot prodigue aux jeunes artistes : « Éclairez vos objets selon votre soleil, qui n’est pas celui de la nature ; soyez le disciple de l’arc-en-ciel, mais n’en soyez pas l’esclave ».
Il donne une définition de l’inspiration picturale : « L’art de lever un pan du voile et de montrer aux hommes un coin ignoré ou plutôt oublié du monde[…]. L’inspiré est lui même incertain, quelquefois, si la chose qu’il annonce est une réalité ou une chimère »1.
En fait quand nous regardons une photo, il faut tout reconstruire : les volumes, les odeurs, les bruits, l’environnement, les circonstances… nous avons quelquefois des indices mais lorsque le cadrage est serré il est plus difficile d’approcher le réel, alors il faut laisser l’imagination voyager. Elle n’hésite pas à puiser dans notre mémoire, c’est sans doute ce qui confère de l’intimité à cet échange entre l’image et l’observateur.
Alain Morel

     ANALOGIE

« Ce qui se ressemble, s’assemble ».
La série présentée est composée de diptyques qui juxtaposent des parties de réel dont la forme présente des similitudes. Leur réunion crée une apparence nouvelle qui engendre à son tour chez l’observateur, un doute, une incertitude sur sa nature. Comme l’écrivait Paul Klee dans la Théorie de l’art moderne « Nulle part ni jamais la forme n’est résultat acquis, parachèvement, conclusion. Il faut l’envisager comme genèse, comme mouvement. Son être est le devenir et la forme comme apparence n’est qu’une maligne apparition, un dangereux fantôme. » .

Si la recherche du photographe repose sur les formes composées par le jeu de la lumière et de l’ombre, elle interpelle également l’imagination. En captant des éléments du réel, en les isolant de leur contexte, en les associant par analogie, nous en arrivons à entrouvrir la porte de l’imaginaire… de l’observateur. Outre la recherche esthétique, c’est le seul sens de cette série.
Alain Morel

Brèves considérations sur le temps

« Le Temps est l’image mobile de l’éternité immobile ». Platon, Timée.

Le temps est difficile à définir en tant que tel, nous en sommes le plus souvent réduits à le mettre en évidence de manière indirecte, même si les horloges atomiques permettent de le mesurer avec précision, mais tout cela reste bien abstrait et laisse peu de place à l’imaginaire.

Comment rendre cela en photographie ?

Il m’a semblé que les reflets permettent de s’en approcher en objectivant le télescopage entre les reflets du passé représentés par des œuvres architecturales qui nous apparaissent déformées,

estompées, qui ne nous sont plus accessibles telles qu’elles étaient dans le passé, et la présence de l’actuel dans tous les aspects que nous vivons quotidiennement. Une sorte d’archéologie du présent qui laisse apparaître les strates successives du temps.

Qui plus est les reflets ouvrent sur un autre monde, d’une certaine manière ils invitent à passer de l’autre côté du miroir, comme Alice, et donnent de l’espace à l’imaginaire.

La photographie est un art du temps, quand bien même elle le suspend.

Alain Morel, Caen le 4 septembre 2020

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